Canicule et frissons : un été polars
Intrigue déjantée, prophétique ou ancrée dans la réalité : cinq évasions littéraires sous contrôle.
Quarantaine
Peter May
L’ancien havre de paix d’Archbishop’s park vit au rythme effréné des bulldozers : dans l’urgence – un virus décime Londres, coupée du reste du monde – la construction d’un hôpital a été autorisée. Mais alors que l’on s’apprête à déverser le béton dans les fondations, le squelette d’une fillette est retrouvé. Lorsque, en 2005, Peter May propose ce roman, dans lequel Londres est assiégée par l’ennemi invisible du H5N1, les éditeurs le jugent trop irréaliste…
En 2020, il ressort l’intrigue, à présent beaucoup plus crédible, de ses archives. Une lecture sous tension – pillages, loi martiale, une mortalité de 80 % – et pleine d’humanité.
Rouergue “Noir” – 320 pages – 22,00 €
Effacer les hommes
Jean-Christophe Tixier
Arrivée au village en 1936, Victoire s’était battue pour sa liberté, dirigeant son auberge d’une main de fer. Août 1965, au soir de sa vie, alors que la vidange du lac artificiel a fait fuir les touristes, elle veut transmettre son auberge à sa jeune nièce Ève, qui se rêve maître de son destin, à l’image de la superhéroïne de comics Barbarella… ou de sa tante. Face à elles, l’austère et radicale Marie, belle-fille et héritière légitime cadenassée dans les traditions. Le choc entre l’archaïsme et la modernité se révèle dans cet étouffant huis clos où les secrets remontent à la surface à mesure que le lac se vide.
Albin Michel – 304 pages – 18,90 €
Un flic bien trop honnête
Franz Bartelt
L’inspecteur Wilfried Gamelle est bien trop honnête – l’une des raisons pour lesquelles sa presque femme Justine l’a quitté – tellement honnête, qu’il se met sur la piste de l’aveugle dont il a cassé les lunettes dans le bus de la ligne 17, afin de le dédommager. Parallèlement, il traque, secondé par le bourrin
– son adjoint obèse cul-de-jatte qui ne se déplace qu’en chaise à porteurs – un tueur qui serine à tour de bras : quarante-deux victimes à son actif, sans aucun rapport entre elles. Les personnages fantasques portent une intrigue déjantée.
On en redemande.
Seuil “Cadre noir” – 194 pages – 17,90 €
Leur âme au diable
Marin Ledun
Juillet 1986. Un braquage bien huilé ouvre le roman :
deux camions-citernes chargés d’ammoniac changent de propriétaire, le précieux et explosif liquide sera livré à la société European General Tobacco. Puis les choses tournent mal et Muller, chef de l’opération, abat ses hommes. Vingt ans d’enquête, menée par les officiers de police judiciaire Nora et Brun, construisent une intrigue fluide aux personnages bien campés qui nous entraîne du Havre jusqu’en Serbie en passant par l’Assemblée nationale. Un réquisitoire implacable contre l’industrie du tabac : brillant.
Gallimard “Série noire” – 602 pages – 20,00 €
Bienvenue à Meurtreville
André Marois
Mandeville au Québec, un village où il faisait bon vivre, est aujourd’hui sur le déclin : moins de touristes et les commerçants qui tirent la langue. En rentrant du conseil municipal du jour, où Réjean, le garagiste a demandé l’aide de la mairie pour faire face à ses dépenses professionnelles, Chevalet surprend un homme en train de voler la récolte de cannabis de Paulo. En tentant de l’arrêter, il le tue. Et voilà que ce meurtre accidentel fait revivre Mandeville ! Et si les meurtres continuaient pour le bien commun ? Jouissif !
Le Mot et le Reste – 148 pages – 15,00 €
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