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Définition de Flaubertien

L’adjectif « flaubertien » renvoie à l’univers littéraire d’un des maîtres incontestés du roman réaliste : Gustave Flaubert (1821-1880). 


Être flaubertien ou flaubertienne, c'est adopter une vision artistique où le souci absolu du style, la recherche de l’impersonnalité et une observation rigoureuse du réel se mêlent pour créer des textes d’une précision et d’une profondeur uniques. Cet adjectif peut être utilisé pour qualifier un style d’écriture marqué par la rigueur stylistique, une ironie subtile et une exploration impitoyable des illusions humaines, mais il désigne également les admirateurs fervents de Flaubert et de sa méthode littéraire.


L’un des aspects centraux du flaubertien est le culte du style. Flaubert est célèbre pour son obsession du « mot juste », cette quête infinie de l’expression parfaite, où chaque mot, chaque phrase, chaque rythme est minutieusement travaillé pour atteindre une harmonie absolue. Cette exigence stylistique a conduit Flaubert à consacrer des années entières à des œuvres comme Madame Bovary ou L’Éducation sentimentale. Le flaubertien, en ce sens, est synonyme d’un travail acharné sur le langage, où la forme n’est jamais séparée du fond. Ce souci de perfection confère à ses textes une densité et une musicalité qui en font des chefs-d’œuvre intemporels.


D’un point de vue thématique, le flaubertien se caractérise par une exploration désillusionnée des aspirations humaines. Les personnages de Flaubert, qu’il s’agisse d’Emma Bovary (qui a inspiré l'adjectif Bovarysme), de Frédéric Moreau ou de Charles Bovary, incarnent souvent des figures emportées par leurs rêves d’idéal, mais condamnées à la médiocrité ou à l’échec. Ce regard, à la fois lucide et cruel, sur les illusions et les désenchantements de la vie humaine est l’une des marques de fabrique du flaubertien. Ce n’est pas pour autant un cynisme gratuit : Flaubert observe ses personnages avec une distance ironique, mais aussi avec une forme de compassion implicite, qui rend leurs tragédies d’autant plus poignantes.

L’ironie flaubertienne est un autre trait essentiel de cet univers. Cette ironie, souvent subtile et implicite, permet à Flaubert de critiquer les conventions sociales, les hypocrisies bourgeoises et les ambitions creuses de ses contemporains. Dans Madame Bovary, par exemple, l’ironie réside autant dans la description des aspirations romantiques d’Emma que dans l’écart entre ses rêves et la réalité prosaïque de sa vie. La maîtrise de cette ironie fait de Flaubert un écrivain à la fois réaliste et profondément moderne, capable de dévoiler les contradictions de son époque tout en explorant les failles universelles de la condition humaine.

Enfin, le flaubertien est indissociable de l’impersonnalité, cette idée centrale dans la poétique de Flaubert selon laquelle l’auteur doit s’effacer derrière son œuvre. « L’artiste, dans son œuvre, doit être comme Dieu dans l'univers, présent partout et visible nulle part », écrivait-il. Cette quête d’objectivité narrative, où les jugements de l’auteur sont volontairement absents, confère à ses romans une profondeur et une ambiguïté qui laissent toute latitude à l’interprétation du lecteur. Être flaubertien, c’est donc aussi revendiquer une esthétique où la littérature se suffit à elle-même, sans chercher à imposer une morale ou un point de vue.

En clair, le terme « flaubertien » désigne une manière unique de concevoir la littérature, où la quête de perfection stylistique se conjugue à une exploration implacable des illusions humaines et à une ironie subtile. Parler d’une œuvre ou d’une vision flaubertienne, c’est évoquer un univers à la fois profondément réaliste et d’une richesse esthétique inégalée.

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